Comment ouvrir un primeur ?
Vous êtes intéressé par les problématiques du mieux manger, de l’agriculture bio, du flexitarisme ou du végétarisme ? La filière agro-alimentaire vous intéresse, vous êtes sensible aux revendications du monde agricole et souhaitez ouvrir votre propre magasin primeur ?
Vous êtes au bon endroit! Dans cet article nous vous expliquons comment créer un primeur au travers des principales étapes qu'il vous faudra franchir pour concrétiser votre projet d'ouvrir une boutique de fruits et légumes.
Au programme : étude de marché, positionnement et concept, choix du statut juridique, recherche du local, réalisation du business plan, sans oublier la recherche de financement.
Effectuer l’étude de marché d’un primeur
La première étape pour ouvrir un primeur consiste à effectuer une étude de marché afin de valider qu'il existe bien une opportunité commerciale sur la zone d'implantation envisagée.
Pour mener votre étude de marché, il vous faudra en premier lieu rassembler les données vous permettant de bien appréhender les habitudes de consommation de vos futurs clients :
- Quel est le budget consacré aux fruits et légumes ?
- Quel est le profil du client qui privilégie l'achat chez un primeur aux grandes surfaces alimentaires ?
- A quelle fréquence les clients font-ils leurs achats ?
- Combien dépensent-ils par visite en moyenne ?
- Quels sont les produits phares ?
- Observe-t-on une saisonnalité importante (plus d'achats le weekend, en été, etc.) ?
- Etc.
Vous devrez également vous intéresser au secteur :
- La filière est-elle en bonne santé : croissance du chiffre d'affaires, ouvertures de nouveaux points de ventes supérieures aux fermetures, etc.
- Comment la filière est-elle organisée ? Quelle est la part d'indépendants par rapport aux magasins sous-enseignes ? Qui semble le mieux s'en sortir ?
- Quelles sont les grandes tendances : rachats des indépendants par des enseignes ? Évolution de l'offre de service (livraison à domicile, e-commerce) ?
- Etc.
Enfin, il vous faudra également procéder à une étude détaillée de la concurrence en analysant l’offre déjà existante à proximité du lieu où vous souhaitez vous implanter :
- Combien de primeurs sont déjà implantés ?
- Existe-t-il une forte concurrence de la part d'autre type de commerces alimentaires (grandes surfaces, épicerie fine, marché ou foire) ?
- Quels produits sont proposés par vos concurrents ? Quels sont leurs tarifs ?
- Les autres primeurs vous semblent-ils bien tourner ou sont-ils en difficulté ?
- Le marché vous semble-t-il suffisamment grand pour supporter l'arrivée d'un nouvel entrant ?
N'hésitez pas à consulter notre guide dédié à l'étude de marché d'un primeur.
Zoom sur le marché de la vente de fruits et légumes en France
Le secteur du commerce alimentaire de proximité : un tableau en demi-teinte soutenu par le boom du Bio
Le commerce des fruits et légumes frais représentait, en 2014, 6 milliards d’euros de chiffres d’affaires, dont 3,5 milliards en fruits et légumes conventionnels, et 2,5 milliards d’euros en produits bio (Rapport de branche de janvier 2016 réalisé par l’AFFLEC et Biset conseil & études).
En 2016, les consommateurs ont dépensé en moyenne 402 € pour leurs achats de fruits et légumes frais, et le chiffre d’affaires de la vente des fruits et légumes progresse légèrement en France ces dernières années (Étude France Agrimer).
Cette augmentation du chiffre d’affaires est néanmoins une progression en valeur et non en volume. En effet, en 2016 le prix moyen au kilo des fruits et légumes (2,40€) a progressé de 3,8%, alors que les quantités achetées n’ont augmenté elles que de 0,9%. Chaque foyer a acheté, en moyenne, 170 kg de fruits et légumes frais par ménage, traduisant une hausse de 1,5 kilo par rapport à l’année précédente.
Les produits vendus, plus qualitatifs, et la croissance des produits bios tirent les prix vers le haut, en conséquence la hausse des ventes profite surtout aux commerces spécialisés (Les Echos Etudes).
Les facteurs de croissance du secteur : des indicateurs au vert pour le futur
Cette embellie somme toute assez relative de la vente des fruits et légumes frais devrait cependant se confirmer dans les années à venir. Les États généraux de l’alimentation 2017 ont montré l’émergence de tendances lourdes à même de développer l’activité des primeurs (Ministère de l’Agriculture) :
- la montée en puissance des préoccupations sociales, écologiques et éthiques
- le lien qui existe entre alimentation, santé et bien-être (le fait maison a la cote tandis que les produits très transformés sont en perte de vitesse)
- la baisse de la consommation de protéines animales
- la volonté de maîtriser le contenu de ses repas et la manière dont ils ont été préparés
- le souhait de privilégier les filières courtes
La consommation de fruits et légumes devrait également augmenter grâce au vieillissement de la population (les seniors demeurent les principaux consommateurs de ce segment).
On peut cependant s’interroger sur la tendance lourde des produits prêts à consommer sur le secteur qui devrait dynamiser les ventes de légumes surgelés et appertisés au détriment des produits frais. Cependant, cette tendance peut être accompagnée par les professionnels de la vente des fruits et légumes frais avec, par exemple, la vente de paniers de fruits prêts à être mangés, ou encore l’élaboration de plateaux de crudités tout préparés.
Retenons également que les détaillants de fruits et légumes bénéficient d’une bonne image auprès des consommateurs de plus en plus sensibilisés à l’importance de manger des repas sains, notamment grâce aux campagnes des pouvoirs publics. On pense notamment à la fameuse campagne Manger-Bouger qui invite à consommer « 5 fruits et légumes par jour ».
Marché des primeurs : tendances et projections
Les primeurs sont concurrencés par de nombreux acteurs du secteur de l’alimentation et en premier lieu par les grandes surfaces alimentaires qui, à elles seules, représentent les trois quarts du marché ! Une position qui s’explique par une offre très étendue et des prix très concurrentiels.
Les marchés sont le deuxième circuit de distribution de fruits et légumes en France. Viennent ensuite les primeurs. On compte tout de même 11 711 commerces de fruits et légumes, dont 6 589 en magasin et 5 122 sur éventaire et marché. Au total, le commerce de détail de fruits et légumes représente plus de 13 500 salariés (dont 58,4% de femmes et 41,6% d’hommes). Plus de 2 600 commerces sont spécialisés en produits bio. Ces derniers emploient 14 900 salariés, dont 62,9% de femmes et 37,1% d’hommes (Interfel).
À noter aussi : la concurrence des producteurs qui vendent directement leurs productions aux consommateurs : elle tend à se développer avec, notamment, le succès des AMAP (Association de Maintien d’une Agriculture Paysanne).
Enfin, la vente de fruits et légumes frais connaît désormais aussi la concurrence des géants de l'e-commerce avec notamment l’arrivée sur le marché d’Amazon qui livre fruits et légumes frais dans l’heure (Le Figaro).
Quelques aspects de la réglementation des primeurs
Il n’est pas nécessaire de posséder une formation spécifique pour pouvoir ouvrir un magasin de primeurs. Aucun diplôme n’est requis. Cependant, une bonne connaissance (et un respect scrupuleux) de la réglementation sanitaire en vigueur est indispensable.
Ouvrir un primeur : le choix du concept
Avant d’ouvrir votre primeur, vous devrez définir un concept et décider de votre positionnement commercial.
Les possibilités sont multiples : marché en entreprise comme les cycloprimeurs du Marchéco qui se déplacent en entreprise pour vendre leurs fruits et légumes frais (Le Progrès), marchés traditionnels, couverts ou non, vente de fruits et légumes en bord de route, ou encore traditionnel magasin de centre-ville...
Vous devrez également choisir si vous souhaitez vous positionner sur l’agriculture biologique ou raisonnée, ou opter pour l’agriculture conventionnelle. Gardez toutefois à l’esprit qu’en vous positionnant sur un créneau à forte valeur ajoutée (produits bio, haut-de-gamme, épicerie de luxe, etc.), vous séduirez une clientèle de niche.
Ce qui est certain, c’est que dans ce contexte très concurrentiel, quel que soit votre concept, il sera judicieux de développer des services qui vous démarqueront de la concurrence, tels que la livraison à domicile ou une possibilité de passer commande sur Internet par exemple.
Ouvrir un primeur : en indépendant ou en franchise ?
Une fois réalisée votre étude de marché et quand vous vous serez déjà penché sur le concept que vous souhaitez mettre en place et le positionnement que vous souhaitez adopter, vous pourrez alors vous demander s’il est préférable pour vous d’ouvrir un primeur en franchise ou en indépendant.
Certes, ouvrir un magasin primeur en franchise ne permet pas de bénéficier de la même liberté que lorsque l’on est indépendant. Cependant, la franchise fruits et légumes offre de nombreux avantages parmi lesquels un accompagnement au lancement, une aide logistique (vous pourrez vous fournir auprès de la centrale d’achat à des prix ultra-compétitifs et ainsi bénéficier d’économies d’échelle) mais aussi une notoriété immédiate. Enfin, on soulignera aussi que l’expérience de la société mère en matière de réglementation, de matériels nécessaires, d’exigence des clients est précieuse au moment de lancer son affaire.
Plusieurs franchises primeur, comme Le Grand Panier Bio, Frutteria, ou encore Provenc’halles, recherchent régulièrement des entrepreneurs (Franchise Magazine et acfranchise).
Vous pouvez aussi vous tourner vers la reprise d’un commerce déjà existant. Il vous faudra alors examiner les magasins de fruits et légumes à vendre et faire votre choix en prenant bien soin à reprendre une activité qui marche.
La recherche d’un local pour votre primeur
L’emplacement de votre boutique de fruits et légumes est un élément déterminant dans la réussite de votre activité. En effet, de la localisation de votre primeur dépendra en grande partie sa fréquentation et donc… son chiffre d’affaires !
L’idéal est de choisir une zone fréquentée en prenant soin de ne pas s’installer à proximité d’un concurrent direct. En revanche, il sera judicieux de s’établir à proximité d’activités complémentaires type poissonnerie, boulangerie, boucherie, crémerie, etc.
Le coût du bail ou de l’achat du local doit aussi entrer en ligne de compte. Faites attention à ne pas choisir un local trop exiguë. Vous devez en effet avoir suffisamment de place pour vos étals mais également pour conserver votre stock.
Quelle structure juridique pour créer un primeur ?
Lorsque vous aurez réalisé votre étude de marché et défini votre positionnement commercial, ainsi que la localisation de votre primeur, vous devrez alors choisir votre statut juridique.
Ce dernier peut être imposé par la société mère si vous optez pour l’ouverture en franchise. Si vous avez le choix, il vous faudra examiner avec attention les différentes possibilités afin de choisir celle qui sera la plus appropriée à votre activité et à la façon dont vous voulez la développer.
En effet, le choix du statut juridique revêt une importance particulière et ne doit pas être considéré comme une simple formalité administrative : plusieurs éléments découlent du choix du statut, notamment le régime d’imposition de l'entreprise (impôt sur les sociétés ou impôt sur le revenu), ou encore le régime social du dirigeant (régime général de la sécurité sociale ou régime des indépendants).
Afin de vous aider à choisir le statut juridique le plus approprié pour votre primeur, vous pouvez consulter notre guide sur le sujet.
Les besoins humains et matériels pour ouvrir un primeur
Pour établir un prévisionnel financier juste et fiable, il vous faudra évaluer en amont les besoins humains et matériels nécessaires à l’ouverture de votre primeur.
Les besoins matériels nécessaires à l’ouverture d’un primeur
Ouvrir son propre magasin de fruits et légumes requiert un investissement initial non négligeable.
Parmi les postes de dépenses, on pense bien sûr au local, mais il vous faudra également évaluer ce que vous coûtera son équipement : étals, rayonnages, gondoles de rayons et présentoirs, meubles réfrigérés s’il y a lieu, mais aussi éventuellement décoration ainsi que les caisses et les terminaux de paiement.
Pensez également à chiffrer et évaluer le coût du stock initial de marchandises. Enfin, vous pouvez aussi être amené à prévoir l’achat de véhicules type camionnette pour d’éventuelles livraisons mais aussi pour les tournées sur les marchés, la vente de fruits et légumes en bord de route, etc.
Les besoins en personnel d’un primeur
Monter son primeur demande aussi de bien évaluer les besoins en personnel que requiert cette activité. Il vous faudra en effet vous entourer de personnel de vente (hôte de caisse) et éventuellement de personnel pour gérer les rayons et les stocks mais aussi du personnel d’entretien et de nettoyage, poste particulièrement important dans un commerce d’alimentation.
Faites une liste des postes pour lesquels vous souhaitez recruter en mettant au clair vos exigences quant aux compétences souhaitées et en évaluant les salaires dont vous devrez tenir compte dans votre prévisionnel financier.
Les services annexes indispensables à un primeur
N’oubliez pas de comptabiliser en plus les frais induits par l’ensemble des services annexes nécessaires à l’ouverture et à la bonne marche de votre activité : assurance, comptabilité, éventuellement gestion administrative, gestion de la paie, etc.
Afin de chiffrer au mieux les coûts que représentent ces différents services et pour choisir vos futurs partenaires, demandez des devis auprès de différentes entreprises (compagnies d’assurance, cabinet d’expertise-comptable, etc.). Vous pourrez ainsi, en plus de déterminer les sommes que ces services représentent, faire jouer la concurrence pour obtenir la meilleure prestation au meilleur prix.
Le plan marketing d’un primeur
Autre grande étape de la création de votre primeur : la réalisation d’un plan marketing. Il vous faudra en effet définir l’ensemble des actions à mener afin d’acquérir et de fidéliser votre clientèle.
Le lancement s’accompagne généralement d’actions marketing et de communication spécifiques dans le but de vous faire connaître. Il peut s’agir de distribution de flyers dans la rue ou en boîte aux lettres, de campagne dans la presse locale, etc.
Il vous faudra aussi réfléchir aux moyens de fidéliser votre clientèle. La carte de fidélité est bien sûr l’option à laquelle on pense d’emblée. Veillez cependant à ce qu’elle offre de réels avantages à vos clients.
Vous pouvez aussi créer un site web et/ou des comptes sur différents réseaux sociaux, ou encore mettre en place une newsletter. Toutes ces propositions vous permettront de maintenir le contact avec vos clients, de les informer des promotions en cours, des nouveaux arrivages et, pourquoi pas, de leur faire découvrir de nouveaux fruits et légumes ou de leur proposer des recettes.
Pour l’ensemble des actions que vous déciderez de mener, il convient d’évaluer les retombées potentielles et le coût afin de savoir lesquelles mettre en place en priorité.
Créer le business plan d’un primeur
Lorsque vous aurez réalisé les étapes décrites précédemment, vous pourrez alors vous lancer dans l’élaboration du business plan de votre boutique de fruits et légumes.
Un business plan de primeur est un document de synthèse qui contient deux parties :
- Une partie rédigée visant à présenter le projet et convaincre de ses atouts
- Un prévisionnel financier visant à mettre en avant le besoin de financement et le potentiel de rentabilité de votre commerce de fruits et légumes
Le business plan remplit une double fonction : il vous permet d’une part de vérifier la viabilité financière de votre projet d’activité, et sert de document de référence pour présenter votre projet professionnel aux banques lors de la recherche de financement. Pour gagner la confiance de ces dernières, votre business plan se doit d’être impeccable tant sur le fond (pas d’erreurs dans les calculs ou dans les chiffres avancés dans l’étude de marché) que sur la forme (clarté, lecture agréable).
Il n’est cependant pas toujours très aisé de créer un business plan, surtout lorsque l’on ne s’est jamais prêté à cet exercice. Si c'est votre cas, vous pouvez vous aider d’un logiciel de business plan en ligne qui vous guidera tout au long de la réalisation de ce dernier.
Faire appel à un logiciel spécialisé pour réaliser votre business plan de primeurs présente en effet plusieurs avantages :
- Vous êtes guidé dans la rédaction par des instructions détaillées et des exemples pour chaque partie du plan
- Vous pouvez vous inspirer de modèles de business plans déjà rédigés
- Vous réalisez facilement votre prévisionnel financier en laissant le logiciel s'occuper pour vous des aspects comptables
- Vous obtenez un document professionnel, mise en forme, et prêt à être envoyé à votre banquier
Si ce type d’outil vous intéresse, vous pouvez essayer gratuitement notre logiciel en cliquant ici.
La recherche de financement pour lancer son magasin primeur
L’investissement de départ pour ouvrir son propre primeur peut être relativement important : local, matériel, stock initial… Les postes de dépenses en manquent pas ! Heureusement, les solutions de financement non plus.
Vous pouvez en effet compter sur différents moyens pour réunir les fonds nécessaires au lancement de votre activité.
En premier lieu, il vous faudra un apport personnel permettant de constituer les fonds propres de l'entreprise.
En complément, vous pouvez souscrire un crédit professionnel auprès d’une banque pour financer une partie de l'achat du matériel ou des travaux d'aménagement du local.
Enfin, pensez aux aides de l’État destinées aux repreneurs et créateurs d’entreprises. Elles sont particulièrement avantageuses dans les zones rurales où de généreuses subventions sont dévolues aux entreprises recréant un maillage de commerce de proximité. Vous pouvez notamment vous renseigner auprès du Secrétariat du Commerce et de l’Artisanat.
Quelques liens utiles pour ouvrir son primeur
- Saveurs commerce (anciennement Union Nationale des Détaillants en Fruits, Légumes et Primeurs)
- Fédération Nationale des producteurs de fruits : FNPF
- Association en Fédérations des Fruits et Légumes, Epicerie, Crèmerie : AFFLEC
- Centre Technique interprofessionnel des Fruits et Légumes : CTIFL
- Confédération Générale de l’Alimentation en Détail (CGAD)
Notre guide touche à sa fin, nous espérons que celui-ci vous a permis de mieux comprendre comment ouvrir un primeur et qu'il vous aidera à lancer votre activité avec succès.
A voir aussi sur The Business Plan Shop
- Modèle de business plan de primeur
- Modèles de budgets prévisionnels
- Astuces pour ouvrir un commerce sans argent
- Créer une exploitation agricole et réussir son business plan
Vous avez lu ces lignes en pensant à l’une de vos connaissances qui souhaite ouvrir son propre commerce de fruits et légumes ? Partagez cet article avec elle !