Comment ouvrir une épicerie fine ?
Vous êtes fin gourmet dans l’âme ? Vous appréciez la bonne cuisine et savez que celle-ci requiert des produits de qualité ? Vous aimeriez consacrer votre activité professionnelle à votre passion en ouvrant votre épicerie fine ?
L’amour des bons produits et de la gastronomie sera certes une donnée essentielle pour monter votre projet mais il sera loin d’être suffisant. Vous devrez aussi développer des compétences en gestion de projet, des compétences commerciales, comptables, financières, voire managériales si vous employez du personnel.
Vous vous demandez très concrètement comment ouvrir une épicerie fine ? Le défi n’est pas impossible à relever, loin de là. Surtout si vous faites preuve de détermination et de méthode.
Découvrez dans cet article les étapes indispensables à la création de votre activité. Au programme : étude de marché, choix du positionnement commercial, recherche du local, choix du statut juridique, évaluation des besoins humains et matériels, plan marketing, rédaction du business plan, recherche de financement.
Réaliser une étude de marché en vue de créer une épicerie fine
La réalisation d'une étude de marché est la première étape pour ouvrir une épicerie fine.
Celle-ci vous servira notamment à vérifier l’existence d’une opportunité commerciale au niveau local. L’étude des tendances du secteur vous permettra aussi de bien connaître : l’offre existante, la clientèle visée et l’écosystème dans lequel vous allez évoluer (fournisseurs, partenaires, et, bien évidemment, concurrents).
L'analyse sectorielle pour prendre la température
L’étude de marché afin doit commencer par une recherche sur les habitudes de consommation et les tendances actuelles du secteur.
L'objectif de cette partie est de vous permettre de comprendre quels sont les enjeux auxquels il faudra faire face, et de déterminer les segments de marché les plus porteurs.
Pour ouvrir une épicerie fine, il faudra notamment vous demander :
- Quelle est la conjoncture du secteur : en croissance ou décroissance ? Pour quelles raisons ?
- Quels sont les concepts qui fonctionnent ? Ceux qui marchent moins ?
- Quelles sont les difficultés les plus souvent rencontrées par les épiciers ?
- Epicerie fine en franchise ou indépendante : quel est le mieux ?
- A quelle fréquence les gens achètent-ils dans une épicerie fine ?
- Quelles sont les périodes pleines et les périodes creuses ?
- Quel est le prix moyen dépensé par client ?
- Quelle est la répartition du chiffre d'affaires entre les différents produits ?
Evaluer la demande au niveau de la zone d'implantation
Après avoir affiné votre compréhension du secteur, il sera temps de vous intéresser au potentiel commercial de la zone d'implantation.
Le but est d'évaluer la taille du marché local et d'identifier les potentielles zones d'implantations.
Il faudra notamment vous poser les questions suivantes :
- Quelle est la taille de la population locale ?
- Quelles sont les caractéristiques démographiques (âges, sexes, catégories socio-professionnelles, revenu disponible, taux de chômage, etc.) ?
- Quels sont les lieux attractifs de la ville (rue piétonne, centre-ville, centre-commercial, gare, etc.) ?
Analyse de la concurrence au niveau de la zone d'implantation
Il faudra ensuite vous familiariser avec l'offre déjà présente sur le marché où vous souhaitez vous implanter :
- Combien d'épicerie fine sont déjà présentes ?
- Où se trouvent-elles ?
- Quel est leur politique de prix ?
- De quelle superficie disposent-elles ?
- Combien de salariés emploient-elles ?
- Quel chiffre d’affaires réalisent-elles ?
- Les grandes surfaces de la ville ont-elles un rayon épicerie fine ?
- Quel type de produits sont proposés par les concurrents ?
- Les concurrents sont-ils des franchisés ou des indépendants ?
Après avoir réalisé ces analyses, vous devriez pouvoir déterminer si le marché est assez grand pour supporter l'arrivée d'un nouvel entrant (c'est-à-dire votre épicerie fine), avoir identifié des zones d'implantation intéressantes, et avoir une idée des produits qui devraient marcher compte tenu des caractéristiques de la population et de ce que proposent déjà vos concurrents.
Le marché français de l'épicerie fine
Le marché de l’épicerie fine se porte plutôt bien. La part de l'alimentation dans l'ensemble des dépenses de consommation repart à la hausse depuis 2007 (INSEE, Étude Cinquante ans de consommation alimentaire).
La France comptait, en 2013, 4 000 magasins spécialisés, détenus aux trois quarts par des indépendants (Les Echos). Fauchon, Dalloyau, Hediard et consorts, s’ils sont très connus, ne représentent en réalité qu’une petite partie du segment qui tend de plus à plus à privilégier l’authenticité et le naturel au luxe tapageur.
Les circuits courts et les produits simples mais de très grande qualité sont mis en avant : ils sont soutenus par le succès d’émissions de cuisine telles que Top Chef, les injonctions des pouvoirs publics à manger sainement et la tendance de fond du manger mieux et manger sain, fortement relayée par les médias.
Aujourd’hui, d’après les experts, la vente de produits d’épicerie fine rapporte environ 5,3 milliards d’euros en France (Toute la Franchise). Claire de Longeaux, directrice du salon professionnel Gourmet Sélection, souligne cependant dans les colonnes des Echos qu’il s’agit d’un « marché difficile à cerner, car il n'existe pas de codes statistiques spécifiques […] Ce que l'on peut dire, c'est qu'il est en croissance ».
On retiendra également l’émergence de nouveaux acteurs à l’instar d’Orientis, la société qui a relancé les thés Kusmi. Se positionnent également sur les rangs la famille Pougatchev, propriétaire d'Hédiard, Michel Ducros (propriétaire de Fauchon) ou encore le groupe Holder. Mais l’on retiendra surtout l'intérêt marqué des grandes surfaces comme Monoprix, Casino, ou Carrefour pour ce secteur de niche à la vitalité marquée.
La clientèle est en grande majorité féminine (à 67%), oscillant entre 40 et 50 ans, et fidèle : les clients reviennent une fois par semaine pour un tiers d’entre eux.
Ouvrir une épicerie fine : le contexte réglementaire
Il n’existe pas de diplôme obligatoire pour lancer son épicerie fine. Attention toutefois, si vous exercez en supplément une activité artisanale (boulanger par exemple), il vous faudra alors justifier d’une formation spécifique.
À noter : si vous voulez vendre de l’alcool, l’obtention de la licence de vente à emporter est nécessaire. Pour cela, vous devrez réaliser une formation obligatoire « permis d’exploiter » et procéder à une déclaration en mairie.
Comme tout établissement accueillant du public, votre épicerie fine devra obéir aux normes d’accessibilité pour les personnes handicapées.
Enfin, certaines règles spécifiques à votre activité sont à connaître et à respecter, notamment les normes d’hygiène ou encore les normes en matière de conformité des instruments de pesage (le contrôle des balances doit être effectué tous les deux ans par un organisme indépendant agréé).
Lancer son épicerie fine : le choix du concept
Une fois votre étude de marché effectuée, vous devrez vous interroger, à l’aune des informations que vous aurez récoltées et définir quel type de concept vous allez mettre en place et quel positionnement commercial vous allez adopter.
Pour cela, vous vous appuierez sur les grandes tendances sociétales, le public que vous visez (en adéquation avec votre localisation et les spécialités du terroir) mais aussi l’étude de la concurrence. Il convient en effet de se démarquer avec une proposition originale.
À vous donc, de voir si vous allez ouvrir une épicerie fine de luxe, une épicerie fine Bio, une épicerie fine spécialisée (conserves de viandes et poissons, thés, chocolats et gourmandises sucrées, produits exclusivement en vrac, etc.).
Le positionnement aussi doit vous permettre de vous différencier par rapport à la concurrence : un agencement ultra-luxueux ou au contraire rustique-chic, un engagement éthique fort, des ateliers et rencontres organisés avec vos fournisseurs locaux, etc. Le but est d’offrir une proposition de valeur, en cohérence avec votre concept et qui constituera l’ADN de votre épicerie.
Vous devrez également vous poser la question de la franchise épicerie fine. Préférez-vous vous lancer en indépendant ou rejoindre un réseau ? Si garder son indépendance est gage de liberté et d’autonomie, prenez tout de même en compte les atouts de la franchise : accompagnement à l’installation, fournisseurs déjà tout trouvés, échange de bonnes pratiques, mutualisation de certains moyens de communication, formations, etc.
Plusieurs réseaux sont à la recherche d’entrepreneurs désirant de lancer à leurs côtés une épicerie fine. On peut notamment citer Comtesse du Barry ou La Table du Marché mais aussi Dalloyau, Les Domaines qui montent ou encore Oliviers&Co (Observatoire de la franchise).
Vous pouvez aussi bien sûr choisir de reprendre une épicerie fine.
La recherche du local pour ouvrir son épicerie fine
La localisation d’un commerce est une composante clé de son succès. En effet, une bonne fréquentation assure un chiffre d’affaires honorable. En revanche, un magasin désert ne tardera pas à mettre la clé sous la porte.
Il conviendra de s’installer dans une rue fréquentée, avec du passage : un centre-ville paraît ainsi tout indiqué. Mais il conviendra également de s’installer au plus près de sa cible. Vous pourrez donc envisager un quartier résidentiel huppé si c’est là que réside votre clientèle potentielle. La localisation doit être en parfaite adéquation avec le concept et le positionnement.
Quelle structure juridique pour monter une épicerie fine ?
Le choix de la structure juridique de votre épicerie fine est bien plus qu’une simple formalité administrative, il aura une incidence directe sur votre régime social (régime des indépendants ou régime général de la sécurité sociale), mais aussi sur le mode d’imposition de l'entreprise (impôt sur les sociétés ou impôt sur le revenu), sur les formalités administratives (annonce légale, obligation de tenue de comptabilité, etc.), ainsi que la protection de votre patrimoine (responsabilité limitée ou illimitée).
Plusieurs statuts sont possibles, qu’il convient de bien examiner avant de vous décider.
Si rien ne vous interdit d’ouvrir une épicerie fine sous le régime de la micro-entreprise (ex-auto-entrepreneur), l’existence d’un plafond de chiffre d’affaires n’en fait pas un statut très adapté.
Vous avez aussi l'option de l’entreprise individuelle, dans laquelle le dirigeant et l’entreprise ont la même identité.
Privilégiez l’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) si vous êtes seul, ou la SARL (Société à Responsabilité Limitée) si vous montez votre épicerie fine avec un ou plusieurs associés. Si vous souhaitez bénéficier du statut d’assimilé-salarié, optez pour la SAS (Société par Action Simplifiée) ou la SASU (Société par Action Simplifiée Unipersonnelle).
Afin de vous aider à choisir le statut juridique le plus adapté à votre épicerie fine, n’hésitez pas à consulter notre guide des statuts juridiques.
Les besoins humains et matériels pour ouvrir une épicerie fine
Créer une épicerie fine requiert un investissement initial qui peut être conséquent. Le fonctionnement de votre épicerie fine aura lui aussi un certain coût.
Afin de construire le prévisionnel financier le plus juste, il convient d’évaluer au mieux les besoins humains et matériels nécessaires au lancement et à la bonne marche de votre activité.
Les investissements matériels nécessaires pour lancer une épicerie fine
Afin d'ouvrir une épicerie fine, outre le local et les éventuels travaux d'aménagement, il vous faudra également acquérir le mobilier adéquat (étagères, étals, présentoirs, comptoir, caisses, etc.) ainsi que le ou les terminaux de paiement, un ou plusieurs postes informatiques, ainsi que le stock initial.
N’oubliez pas non plus les frais de création de l’entreprise, les frais de formations obligatoires éventuelles (pour obtenir sa licence de vente d’alcool par exemple), le coût de la communication et des opérations marketing liées au lancement (voir section suivante).
Les besoins en recrutement d’une épicerie fine
Vous pouvez bien sûr vous lancer seul. Mais peut-être envisagez-vous, d'ouvrir votre commerce sur une large plage horaire. Et en cas de forte affluence, vous avez peut-être prévu de mettre plusieurs caisses à disposition de vos clients. Il vous faudra dans ce cas embaucher du personnel.
Privilégiez les personnes ayant une véritable affinité avec le secteur, passionnées par la gastronomie et qui seront à même de conseiller le client et de partager leurs connaissances en la matière.
Définissez bien vos besoins pour chaque poste en termes de fiche de poste (missions), de compétences recherchées, d’horaires, de salaire, etc.
Les services annexes nécessaires au lancement d’une épicerie fine
Monter une épicerie fine implique également d’avoir recours à des services annexes tels que l’assurance professionnelle de votre affaire à souscrire auprès d’une compagnie d’assurance.
Vous pourrez aussi vouloir externaliser l’entretien et le ménage auprès d’une société spécialisée, ou encore laisser la comptabilité aux soins d’un cabinet d’expertise-comptable.
Afin d’évaluer au plus juste le coût de chacun de ces postes de dépenses, demandez des devis auprès de plusieurs professionnels et comparez les offres pour faire jouer la concurrence.
Le plan marketing d’une épicerie fine
Comme pour tout commerce, le développement de la clientèle passe par la mise en place un plan marketing bien rodé. Ce dernier recensera toutes les opérations marketing et de communication que vous souhaitez mettre en place pour, dans un premier temps, acquérir votre clientèle et, dans un second temps, la fidéliser.
Pensez donc d’abord aux actions qui vous permettront de vous faire connaître et de créer l’évènement autour de l’ouverture de votre boutique : distribution de flyers, campagne de publicité dans la presse locale, etc.
Vous devrez aussi réfléchir aux moyens de fidéliser votre clientèle. Le programme de fidélité avec sa carte associée et ses avantages est évidemment pertinent. Pensez aussi à l’ouverture d’un site web pour présenter votre offre, vos nouveautés, vos horaires d’ouverture actualisés, les promotions et offres du moment, etc. Vous pouvez aussi mettre en place une stratégie de communication digitale et publier sur les réseaux sociaux fréquentés par votre cible.
Vous pouvez également envisager de proposer un système de click and collect permettant à vos clients de commander en ligne pour ensuite retirer leurs articles en magasin, et pourquoi pas un système de livraison.
Une newsletter est également un moyen privilégié de garder le lien avec votre clientèle. Rendez-la attractive avec de belles photos, l’actualité du moment et pourquoi pas des idées recettes ou des focus sur vos fournisseurs.
Notez l’ensemble des actions auxquelles vous pensez, et mettez-les ensuite en place en privilégiant d’abord, et selon vos moyens, celles qui présentent le meilleur potentiel.
Réaliser un business plan avant de créer une épicerie fine
La réalisation de votre business plan d'épicerie fine est une étape importante de votre création d’entreprise. Ce document sert, d’une part, à vérifier la viabilité financière de votre projet, en procédant si besoin aux ajustements nécessaires. Et à présenter votre projet à des partenaires financiers afin de les convaincre de vous suivre dans l’aventure.
De façon simplifiée, un business plan pour une épicerie fine comprend deux parties :
- Une partie rédigée présentant le projet et mettant en avant ses atouts
- Une partie chiffrée, qui est le prévisionnel financier, qui met en avant le besoin de financement et le potentiel de rentabilité de votre entreprise
On comprend donc l’importance du business plan dans le processus de la création d’entreprise. Par conséquent, il se doit d’exposer clairement et simplement votre projet tout en donnant envie d’y investir.
L’exercice est délicat et peut faire peur, surtout si vous n’avez jamais réalisé de business plan auparavant. Pour vous aider, vous pouvez utiliser un logiciel de business plan en ligne, outil qui vous accompagnera tout au long de la rédaction.
Faire appel à un logiciel pour réaliser le business plan de votre épicerie fine présente en effet plusieurs avantages :
- Le logiciel s'occupe des calculs et de créer pour vous les états financiers prévisionnels (compte de résultat, bilan, tableau des flux de trésorerie, calcul du seuil de rentabilité, etc.)
- Vous êtes guidé dans la rédaction grâce à des instructions pour chaque partie et des modèles de business plans déjà rédigés.
- Vous obtenez un document professionnel, mis en forme, et prêt à être envoyé à votre banquier
Si ce type de solution vous intéresse, sachez que vous pouvez tester gratuitement le logiciel de The Business Plan Shop en vous inscrivant ici.
Comment financer son épicerie fine ?
On l’a vu précédemment, l’investissement initial pour lancer son épicerie fine est peut être relativement conséquent. Cependant, plusieurs solutions de financement existent.
Il conviendra en premier lieu d’estimer vos fonds propres. On entend par là l’argent que vous et vos associés éventuels pouvez consacrer à votre projet. Même si la somme vous semble un peu faible au regard de ce que vous devez rassembler, ne négligez pas les fonds propres, ceux-ci sont très appréciés des investisseurs institutionnels qui y voient une preuve tangible de votre implication dans votre projet.
Ensuite, vous pouvez également solliciter un crédit professionnel auprès d’une banque pour financer une partie de l'achat de matériel ou les travaux d'aménagement du local. Déposez toujours des dossiers dans différents établissements bancaires afin de pouvoir comparer les offres et faire jouer la concurrence.
Pensez aussi au crowdfunding de dons qui vous permettra de recevoir des dons de particuliers, en échange d’une contrepartie en rapport avec votre secteur d’activité : panier de produits, réduction sur un premier achat, etc.
Enfin, pensez également aux aides destinées aux créateurs et repreneurs d’entreprise. Elles pourront vous permettre de bénéficier d’un prêt à taux zéro par exemple, mais aussi d’exonérations de charges sociales.
Vous pouvez trouver plus de détails sur les solutions évoquées ci-dessus dans notre guide du financement de la création d’entreprise.
Quelques liens utiles pour ouvrir son épicerie fine
- La Fédération Nationale des Épiceries, Cavistes et spécialistes en produits Bio : FNDECB
- Salon Gourmet sélection : salon professionnel des produits d’épicerie fine
- LSA Commerce et consommation, catégorie épicerie fine
Notre guide touche à sa fin, nous espérons que celui-ci vous permis de mieux comprendre comment ouvrir une épicerie fine. Si des interrogations subsistent après sa lecture, sachez que vous pouvez nous adresser toutes vos questions concernant la création ou la reprise d’une entreprise.
Vous connaissez quelqu’un qui s’apprête à se lancer dans ce projet et que cet article pourrait intéresser ? Partagez-le lui !
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