Zoom sur le financement des entreprises en difficulté
Le financement d’une entreprise est une étape nécessaire à son lancement, mais aussi à son développement et, bien sûr, indispensable lors de difficultés.
Pourtant, s’il est déjà parfois difficile d'obtenir un financement en période faste, que dire alors de la recherche de fonds lorsque l’entreprise rencontre difficultés financières.
Qu'il s'agisse d'une baisse d'activité temporaire faisant apparaître un besoin urgent de trésorerie, ou de difficultés structurelles nécessitant un retournement accompagné d'un plan d'investissement pour relancer l'activité, nous explorons dans cet article toutes les solutions à votre disposition pour trouver des financements pour une entreprise en difficulté.
Que peuvent faire les banques pour les entreprises en difficulté ?
Prêt aux entreprises en difficulté
Si l’on pense d’emblée au prêt bancaire comme moyen de financement, cette solution peut se révéler extrêmement difficile à obtenir lorsque l'entreprise va mal.
Bien sûr, cela dépendra de la nature des difficultés rencontrées par l’entreprise, mais généralement les banques n'accordent un prêt que si l’entreprise est en mesure de le rembourser via une génération de trésorerie positive et suffisante, ce qui est rarement le cas des entreprises en difficulté.
À noter cependant, un prêt peut dans certains cas être envisagé, notamment dans le cadre d’un plan de restructuration ou d’investissement, mais cela nécessite généralement en parallèle une injection de trésorerie significative de la part des actionnaires.
Une autre solution, peut être de mettre en place un aménagement de la dette existante, par exemple en étendant la maturité (c'est-à-dire la durée) des financements existants. Ce type d'opération peut se faire dans le cadre d'un rachat de crédit ou simplement d'une renégociation contractuelle avec la banque.
C'est une solution qui peut être intéressante lorsque l'entreprise est génératrice de trésorerie au niveau opérationnel, mais que l'excédent de trésorerie est insuffisant pour couvrir à la fois les besoins en investissements et les remboursements d'emprunts.
Autres solutions proposées par les banques pour faire face à un besoin de trésorerie urgent
Si vous n’avez pu obtenir un prêt pour votre entreprise en difficulté, sachez que plusieurs solutions alternatives proposées par les banques existent.
Si le besoin de trésorerie est temporaire, par exemple dû à un retard de paiement ou tout autre problème de Besoin en Fonds de Roulement (BFR), mais que l’entreprise se porte plutôt bien, il peut alors être envisageable d’accorder une facilité de caisse ou une autorisation de découvert.
L'escompte ou le financement par crédit Dailly d'une partie du poste clients peuvent également être envisagés en vue de libérer rapidement de la trésorerie.
Alternatives aux banques pour financer une entreprise en difficulté
Optimiser le BFR
Optimiser le BFR, qui correspond à la trésorerie immobilisée par les décalages de caisse (délais entre l'achat, la production éventuelle, et la vente des marchandises ; délais entre la vente et le règlement des clients ; délais entre les achats et le règlement des fournisseurs), peut être un moyen efficace de sortir la tête de l’eau, si vous avez un problème de trésorerie plutôt qu'un problème de rentabilité.
A court terme cela permet de dégager de la trésorerie, souvent en contrepartie d'une rentabilité moins élevée, et à moyen long terme d'avoir une croissance moins consommatrice de ressources (sauf si vous avez un BFR négatif bien sûr).
Optimiser le BFR vous permettra de libérer de la trésorerie. Pour cela, n’hésitez pas à jouer sur plusieurs tableaux et à cumuler les moyens d’optimisation :
- Déstocker pour faire baisser le montant de vos stocks, éventuellement en accordant des réductions
- Réévaluer votre politique de gestions des stocks à moyen terme : peut être faut-il mieux commander moins, quitte à payer un peu plus cher ou rater quelques ventes, plutôt que d'avoir de la trésorerie immobilisée et des invendus sur les bras
- Renégociez vos délais fournisseurs afin d’obtenir des délais de paiement plus long qui vous permettront de réduire la pression sur la trésorerie
- Renégociez vos délais clients, éventuellement en offrant une réduction contre un paiement rapide. En les réduisant, vous ferez rentrer de la trésorerie plus rapidement
Approcher des investisseurs pour réaliser une augmentation de capital
Rechercher des investisseurs en vue d'effectuer une augmentation de capital peut être une bonne solution lorsque la résolution des difficultés nécessite une restructuration d'envergure (repositionnement commercial, investissements, réduction d'effectifs).
L’augmentation de capital permet de lever des fonds qui pourront vous aider à améliorer la situation financière de l’entreprise, que ce soit en les affectant au BFR, à la trésorerie ou encore en les utilisant pour rembourser des emprunts ou créances.
Vous pouvez alors vous tourner vers 3 types d'acteurs :
- Des investisseurs particuliers, les associés actuels en premier lieu, des business angels, etc.
- Des fonds spécialisés en retournement d'entreprise, qui peuvent généralement vous apporter une expertise opérationnelle en plus d'un soutien financier
- Vos clients, via les plateformes de crowdfunding, c'est notamment la solution qu'ont utilisé la biscuiterie Jeannette et la coopérative des Atelières
Réduire les coûts
Même si cela est plus facile à dire qu’à faire, réduire les coûts est un moyen efficace de restaurer un flux de trésorerie positif à moyen terme.
Pour cela, vous pouvez activer plusieurs leviers. En premier lieu, vous pouvez lister l'ensemble des postes de dépenses et éliminer le superflu.
La nature exacte des postes à réduire dépendra de votre activité, mais voici quelques idées :
- Avez-vous vraiment besoin des abonnements aux revues que vous mettez dans la salle d'attente?
- Vos clients attendent-ils que vous les emmeniez au restaurant ou pouvez-vous vous contenter d'un café dans vos locaux?
- Qui est en charge des achats? Ceux-ci sont-ils centralisés? Les coûts sont-ils optimisés?
- Essayez-vous au zéro papier, ou a minima instaurez une politique d’impression recto-verso et supprimez les imprimantes personnelles. S’il faut se déplacer pour imprimer, la consommation d’impressions chute. Imprimez en noir et blanc plutôt qu'en couleur.
- Avez-vous des licences logiciels inutilisées?
- Pouvez-vous réduire vos frais de déplacement? Prendre les transports en communs plutôt que la voiture ou le taxi. Faire voyager vos cadres supérieurs en seconde plutôt qu'en première classe. Privilégier les réunions en vidéoconférence plutôt que de vous déplacer.
- Pouvez-vous remplacer vos lignes téléphoniques par de la VoIP (Skype for Business ou équivalent)?
- Les portions servies aux clients dans votre restaurant sont-elles trop généreuses (jetez vous beaucoup)?
- La quantité d'emballage utilisée pour la distribution peut-elle être réduite?
- Pouvez-vous déménager dans un local moins cher? Ou sous-louer une partie de vos locaux?
- Responsabilisez vos salariés sur les économies d’énergie : pas de fenêtres ouvertes si la clim ou le chauffage fonctionne. Installez des détecteurs de mouvement pour un éclairage qui fonctionne seulement lorsque c’est nécessaire.
- Etc.
Vendre des actifs
Autre solution, plus radicale, vendre des actifs !
Il n’est en effet pas anodin de se débarrasser de certains éléments, parfois utiles au bon fonctionnement de l’entreprise. Néanmoins, la vente de certains actifs peut permettre de redonner un peu de souffle sans pénaliser l’activité, pourvu que l’on presse les dispositions pour.
Ainsi, on pourra par exemple vendre des véhicules, ce qui permet de libérer de la trésorerie à court terme, quitte à éventuellement les reprendre en location afin que l’entreprise continue à fonctionner normalement.
De même si vous êtes propriétaire de vos locaux, vous pouvez les vendre et les reprendre en location par la suite.
Si votre entreprise est plus importante, vous pouvez également envisager de vendre une filiale ou une division.
Le business plan, un préalable indispensable à la recherche d’un financement pour une entreprise en difficulté
Lorsqu'une entreprise rencontre des difficultés financières il est indispensable de mettre sur pied un business plan afin de pouvoir estimer l'évolution de la trésorerie de l'entreprise sur les prochains mois et de chiffrer de façon précise le besoin de financement à combler.
Si vous choisissez de rechercher de nouveau investisseurs, dans le cadre d'une augmentation de capital notamment, celui-ci vous permettra également d'expliquer de manière argumentée l'origine des difficultés et le plan que vous comptez mettre en place pour y remédier.
Il est important d'être honnêtes vis-à-vis de potentiels investisseurs et de ne pas chercher à minimiser ou à masquer l'étendue de vos difficultés, la franchise ne pourra que servir votre cause.
Si vous ne savez pas comment faire un business plan ou souhaitez vérifier que votre document correspond bien à ce qu’attendent les investisseurs, vous pouvez consulter notre guide du business plan ou essayer notre logiciel de business plan.
Existe-t-il des aides pour les entreprises en difficulté passagère de trésorerie ?
Il existe de nombreux soutiens publics pour les entreprises en difficulté. En effet, les entreprises ayant du mal à faire face à leurs échéances financières, ou dont les perspectives de développement sont incertaines, peuvent bénéficier d’une aide de l'État et/ou des collectivités territoriales, sous conditions d’engagements.
Suivant les cas, une entreprise en difficulté pourra alors bénéficier de mesures d'allègement (délais de paiement), d’exonérations d'impôts ou de taxes ou de réduction de droits, voire d'une prise de participation dans le capital de l'entreprise.
Quant aux collectivités territoriales, elles peuvent accorder des aides sous forme d'exonération d'impôts ou taxes, d'aides directes ou de garanties (cautionnement).
Pour bénéficier des aides destinées aux entreprises en difficulté, vous devrez faire appel à un ou plusieurs des comités d’aides aux entreprises :
- La Commission des chefs des services financiers (CCSF) : elle permet d'obtenir des délais de paiement pour certaines dettes fiscales et sociales.
- Le Comité Départemental d’Examen des problèmes de Financement des entreprises (Codefi) : il peut rechercher des solutions financières en faveur des entreprises en difficulté de moins de 400 salariés en vue de leur redressement ou de leur restructuration, proposer la réalisation et le financement d'un audit ou accorder des prêts. Ces aides peuvent également servir à financer un plan social.
- Le Comité Interministériel de Restructuration Industrielle (CIRI) : il propose des aides pour assurer la pérennité ou la reconversion des entreprises de plus de 400 salariés qui rencontrent des difficultés structurelles.
Certaines aides et subventions réservées à la reprise d’entreprise concernent également la reprise d'entreprises en difficulté comme le dispositif NACRE (Nouvel Accompagnement pour les Créateurs Repreneurs d’Entreprise) qui fournit une assistance personnalisée mais aussi des prêts à taux zéro allant de 1 000 et 8 000 euros.
BPI France propose également plusieurs dispositifs de financement pour la reprise d’entreprise, parmi lesquels :
- la garantie transmission qui permet de garantir jusqu'à 50 (70% si intervention de la région) de l’emprunt contracté pour la reprise d’entreprise
- ou le contrat de développement transmission, un prêt accordé pour des opérations de reprises de PME, sans garantie ni caution personnelle, d'un montant allant de 40 000 à 400 000 euros, d'une durée de 7 ans maximum avec un allègement du remboursement les 2 premières années. La reprise d'une entreprise en difficultés permet en plus de bénéficier d'un dispositif d'exonération d'impôt sur les sociétés (IS) et d'impôts locaux (CFE).
Enfin, des aides ont également disponibles, dans le cadre d'une reprise d'entreprise par les salariés.
Notre guide du financement des entreprises en difficultés touche à sa fin. Nous espérons qu'il vous a été utile, n'hésitez pas à nous faire part de vos remarques ou questions dans les commentaires.